Soweto

 

 

 

 

Comme tous les townships (banlieues) sud-africains, Soweto a son lot de bidonvilles et de misère. Mais ce lieu emblématique de la lutte anti-apartheid où l'on se battait il y a vingt ans est aujourd'hui devenu furieusement à la mode. Au début des années 1990, Soweto était une zone de guerre, où plusieurs factions se déchiraient, et où les habitants affrontaient les balles de la police de l'apartheid. La ségrégation raciale s'accompagnait d'une ségrégation géographique, le régime de l'apartheid rejetait les populations noires dans des quartiers périphériques des grandes villes, les townships tel que Soweto.

On s'y presse désormais le week-end, et les cars de touristes ont du mal à avancer dans les rues étroites encombrées de grosses cylindrées et de berlines élégantes. Soweto est devenue une attraction improbable pour tous ceux qui veulent goûter à ce nouveau rêve sud-africain. Dans les « shebeens », ces anciens débits de boisson clandestins devenus des tavernes à la mode, les résidents retrouvent d'autres Noirs partis dans les anciennes banlieues désertées par les blancs pour cause d'insécurité de Johannesburg ou venus d'ailleurs en Afrique du Sud, et aussi des touristes en mal d'exotisme, avides de humer l'air si particulier du township le plus célèbre du monde.

Quant à la lutte contre l'apartheid, rendue célèbre ici par le soulèvement de la jeunesse qui, en juin 1976, a refusé un enseignement en afrikaans, une langue considérée à l'époque comme celle de l'oppresseur, elle est devenue prétexte à un pèlerinage touristico-historique. Tout comme bien sûr la petite maison de Nelson Mandela sur Vilakazi, devenue un musée où l'on se prend en photo, à quelques dizaines de mètres de la résidence de Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix sud-africain.

« La caméra ne ment jamais », aime dire le photographe sud-africain Sam Nzima, à qui on doit la plus célèbre photo du soulèvement de Soweto le 16 juin 1976. En révélant au monde le véritable visage du régime de Pretoria, la photo en noir et blanc signée Nzima avait secoué les consciences mondiales et accéléré la fin de l'apartheid. Reconnu tardivement, Sam Nzima est une référence dans le photojournalisme.

La photo en noir et blanc d'un jeune homme au visage ravagé par la douleur, portant à bout de bras le corps inanimé d'un adolescent et accompagné d'une jeune fille en pleurs, a été comparée à la Pietà de Michel-Ange.

Malgré tout, lorsque l'on est dans Soweto, on ressent un climat d'insécurité amplifié par le comportement des accompagnateurs, puisque les seuls moments durant lesquels nous avons eu la possibilité de descendre du car sont : l'arrêt pour la visite de la maison de Mandela, le restaurant où nous avons traversé le trottoir, et l'arrêt pour photographier le stade de la finale de la coupe du monde de football.

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