La cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Rouen, est le monument le plus prestigieux de la ville de Rouen. Elle est le siège de l'archidiocèse de Rouen, chef-lieu de la province ecclésiastique de Normandie. L'archevêque de Rouen portant le titre de primat de Normandie, sa cathédrale a ainsi le rang de primatiale.
Comme toutes les cathédrales, celle de Rouen a une très longue histoire qu'il serait lassant de narrer dans cette rapide présentation.
D'après la légende, dans la deuxième moitié du III° siècle, saint Mellon aurait implanté un lieu de culte dans une maison particulière. Il est reconnu qu'à cette époque existait un quartier d'habitation en ce lieu. Aux alentours de 260-280, un incendie détruit le quartier, au moment des premières incursions franques. Les logements détruits sont remplacés par des entrepôts publics, compris entre les actuelles rue Saint-Romain, rue du Change et rue des Carmes.
Un sermon de l'évêque Victrice daté d'environ 395-396 sous-entend la présence d'une cathédrale dans la cité et évoque la construction d'une basilique à proximité. Saint Victrice participa au chantier. Vers 841, les destructions occasionnées par les raids vikings et l'incendie de Rouen provoquent des dommages importants qui seront réparés par la suite. Au IX° siècle, on procède à plusieurs réaménagements, mais en 841, le feu allumé par les hommes du nord détruit le groupe cathédral. L'ensemble paraît remis en état d'une façon provisoire en attendant le retour de la paix dans la région.
La construction de la cathédrale de Rouen jette les fondements de l'école romane normande, prototypes de l'architecture religieuse en Normandie, puis en Angleterre. Bien que les travaux s'interrompent pendant plus d'une décennie, le chantier s'achève par la reconstruction de la nef en 1063. C'est à cette époque que sont transférés dans la cathédrale les corps de Rollon et de Guillaume Longue-Épée.
La construction de la cathédrale telle qu'elle apparait à des détails près s'étend de 1144 à 1485 avec des périodes d'activité variée en fonction des archevêques, de leur volonté et de leurs capacités de financement. Durant cette période elle subit de nombreuses attaques par les éléments tels qu'ouragans ou feus déclenchés par la foudre. Mais elle est en permanence reconstruite et embellie.
Les ajouts successifs déséquilibrent autant l'aspect que la solidité de l'édifice et de nombreuses fissures apparaissent, notamment la construction de la « Tour du Beurre » financée par les commerçants de laitages.
La flèche gothique d'origine, dite « l'aiguille » ou « tour grêle » du XIII° siècle, subit un incendie le 5 octobre 1514. L'année suivante la tour-lanterne est consolidée et un étage est rajouté en prévision d'une nouvelle flèche. Celle-ci est réalisée en bois en forme de pyramide, recouverte de plomb doré, du style Renaissance. Elle culmine à 135 mètres de haut.
La cathédrale est saccagée par les huguenots en 1562. Les statues manquantes sont un témoignage de cette période troublée. Les tombeaux du duc de Bedford et du cardinal d'Estouteville sont détruits, les statues de saints et d'archevêques sur la façade sont décapitées.
En 1683, un ouragan dévaste la façade occidentale, détruit la rosace et renverse trois des quatre tourelles du couronnement qui crèvent les voûtes et ruinent l'orgue. Un don de Louis XIV permet de restaurer ce qui a été détruit.
Lors de la Révolution française, la cathédrale devient le temple de la Raison. Les cloches sont brisées et fondues. La Révolution conserve convenablement la cathédrale par l'utilisation de la chapelle de la Vierge comme grenier à foin, tandis que le reste de l'édifice a servi de salle de concert. Elle retrouve son statut de cathédrale en 1796.
Au cours du XIX° siècle, différents travaux ont été réalisés pour valoriser la cathédrale. Au fur et à mesure, les travaux sont interdits sur les maisons qui jouxtent la cathédrale. Deux maisons en 1822 sont détruites à la suite de l'incendie et de la chute de la flèche, leur reconstruction est refusée. A la demande du préfet, le ministre lui répond qu'il « paraît convenable et même nécessaire de dégager un édifice, tel que la cathédrale de Rouen, des constructions parasites qui l'obstruent » ; réponse complétée, après un incendie en 1855, par son désir de « dégager un monument aussi précieux ».
Lors de la seconde guerre mondiale, un incendie touche la charpente du bas-côté sud le 9 juin 1940 à la suite de l'incendie du quartier compris entre la cathédrale et la Seine. Dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, la cathédrale est éventrée par sept torpilles dont une, tombée dans le chœur, n'explosera pas. Les bas-côtés de la nef et les chapelles du collatéral sud, sauf une, sont détruites. De plus, un des quatre piliers soutenant la flèche est gravement endommagé. Le pilier sera rapidement renforcé et étayé pour empêcher la flèche de s'abattre sur l'ensemble de la structure. La nef restera debout grâce aux arcs-boutants de la chapelle Sainte-Catherine qui l'ont soutenue à eux seuls. Le souffle des explosions éventre les grandes roses du transept et de la façade occidentale.
Après déblaiements et consolidations, la restauration se met en place. La cathédrale est finalement rouverte, ainsi que le nouveau maître-autel consacré par l'archevêque Martin le 17 juin 1956 en présence de René Coty.
Le monument que nous visitons est donc rescapé de nombreuses catastrophes naturelles et humaines conférant à sa diversité comme pour l'ensemble de la ville de Rouen.